L’EMPREINTE EAU, DEFINITION & ENJEUX

L’eau est une ressource renouvelable mais finie. Il a autant d’eau sur la terre qu’il y en avait pendant la période des dinosaures, et il y en aura toujours autant à l’avenir. 

 

Ainsi, les problématiques auxquelles nous faisons face aujourd’hui ne reposent pas tant sur la quantité d’eau accessible que sur sa gestion, son traitement et la manière dont elle est consommée. Or c’est indéniable, les besoins liés à l’eau ne font qu’augmenter et la pression qu’on exerce sur cette dernière est exponentielle. 80% des réserves d’eau douce disponibles mondiales sont prélevées chaque année. Le risque de restrictions et, dans les cas les plus sévères, de pénuries, le sont tout autant. 

Pour bien comprendre ces enjeux et analyser la manière dont l’eau est utilisée, il nous faut dézoomer et regarder notre consommation dans son ensemble. 

 

COMBIEN D'EAU DOUCE CONSOMMONS-NOUS?

Lorsque nous décidons de faire attention à notre consommation d’eau, il est naturel de d’abord surveiller notre compteur d’eau à la maison. C’est un premier pas qui nous permet de sortir du fameux triangle de l’inaction (article à venir sur le sujet) et qui est bien évidemment nécessaire.

Malheureusement l’eau domestique ne représente qu’une infime partie de l’eau que nous consommons chaque jour, environ 3%. Et le reste alors? Et bien le reste est invisible.

 

Ainsi, pour connaître notre consommation d’eau “globale”, il faut additionner à notre consommation domestique (ou visible), à notre empreinte eau (aussi appelée eau virtuelle ou invisible).

 

A noter cependant que ce calcul ne comprend pas notre consommation hors du domicile (toilettes au restaurant, douches à la salle de sport, logements de vacances etc).

Consommer un kilogramme de blé, c’est aussi, dans les faits, consommer le millier de litres d’eau qu’il a fallu pour faire pousser cette céréale.

L'EMPREINTE EAU, L'ECHELLE INDIVIDUELLE

L’empreinte eau est un concept assez large permettant d’établir les besoins en eau pour chacun des services et produits que nous consommons. Ainsi cette mesure pertinente permet d’évaluer l’impact de produits qui nécessite une forte utilisation d’eau dans leur fabrication. Environ ⅕ de l’eau consommée dans le monde est ainsi de l’eau virtuelle!

Il existe 3 types d’empreintes eau :

  • L’empreinte eau bleue : c’est la consommation directe de l’eau issue des précipitations atmosphériques contenues dans les eaux de surface (rivières, lacs..) et les eaux souterraines (aquifères, réservoirs). Plus de la moitié de cette empreinte eau est d’origine agricole. En France, le maïs – qui en grande majorité sert à nourrir le bétail – représente 50% de l’empreinte eau bleue de la production agricole totale.
  • L’empreinte eau verte : c’est la consommation naturelle d’eau de pluie par le sol. Elle inclut l’humidité, l’évaporation et la transpiration des plantes. 
  • L’empreinte eau grise : elle représente la quantité d’eau douce qu’il a fallu utiliser pour diluer les polluants issus de la production d’un produit, afin de pouvoir la rejeter dans son milieu naturel. 

Pour information, la consommation journalière d’un français moyen représente : 

  • 149 litres d’eau réelle domestique par jour
  • et 4 900 litres d’eau virtuelle par jour (empreinte eau)

Cette moyenne varie énormément en fonction des consommateurs (végétariens ou non par exemple.

Dans cette eau virtuelle, environ 167 litres a servi à la fabrication des produits industriels que nous utilisons (papier, coton, vêtements).

Environ 3 500 litres ont servi à la production de la nourriture que nous consommons. 

Rendez-vous bien compte, plus de 92% de l’eau que nous consommons se trouve (cachée) dans ce que nous mangeons!

Ainsi, repenser sa consommation dans son ensemble et utiliser des produits dont l’empreinte eau est faible aura un impact majeur sur notre consommation en eau. 

Le site Waterfootprint, recence l’empreinte eau des produits courants. En voici quelques exemples  : 

 
 

L'EMPREINTE EAU, UN REEL ENJEUX POLITIQUE

Il est aussi intéressant d’analyser les différentes empreintes eau à l’échelle des pays puisque cela soulève des problématiques complexes tant sur le plan économique que géopolitique.

Il est alors possible d’étudier les interdépendances des différents pays au travers de leurs échanges d’eau virtuelle. Un pays exportateur de produits agricoles (le maïs par exemple) exporte dans le même temps l’eau bleue et l’eau verte nécessaires à la culture de cette plante. Ainsi on considère que l’eau virtuelle est échangée entre les pays sous forme de produits agricoles ou industriels. 

Pour un pays, nous parlerons alors :

  • D’empreinte eau interne
  • D’eau virtuelle exportée
  • D’eau virtuelle importée

 

 

Aujourd’hui, environ 47% de l’empreinte eau Française est externe, c’est-à-dire que la moitié de l’eau qu’on consomme provient d’autres pays. La pression exercée sur la ressource n’est donc pas qu’un enjeu local mais global. Les pays importateurs, comme la France, sous-traitent à la fois la production alimentaire mais aussi les risques environnementaux et économiques qui peuvent découler de la surexploitation de réserves limitées en eau. Mais ces échanges sont aussi nécessaires à l’autonomie alimentaire de certains pays comme le Japon ou Israël par exemple. 

En conclusion, l’eau qui coule de notre robinet, n’est qu’une partie infime de l’iceberg qui nous sert à nous alimenter et soutenir notre consommation. 

Calculer et faire attention à son empreinte eau permet de véritablement mesurer et amoindrir la pression et l’impact que nous exerçons sur cette ressource si précieuse.